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jeudi 16 janvier 2014

Les oiseaux d’hiver attirent aussi des poltrons




Les oiseaux d’hiver attirent aussi des poltrons 

Récit d'aventure
par
 Daniel Beauregard 



*Cliquer sur l'image pour agrandir

beauregard.daniel@videotron.ca
 


Photo Daniel Beauregard 2013


 
Cet automne, je me suis préparé à nourrir les oiseaux pour l’hiver. L’hiver précédent, j’avais soigneusement et patiemment fabriqué une jolie mangeoire de style rustique à l’aide de restant de planches d’une veille table. Cette réalisation est restée sans grand éclat au niveau architectural, mais je l’aime bien pour son côté personnel.

J’ai donc installé la mangeoire sur une pièce de bois à deux mètres de hauteur. L’emplacement près du jardin lui donne une touche particulière et j’ai pris soin de déposer au pied du socle de jolies roches.



En farfouillant dans ma remise, j’ai aussi découvert une ancienne mangeoire en plastique construite sur le modèle en rond avec trois étages bien garnies de perchoirs. Ceux-ci accueillent les atterrissages des oiseaux.



J’ai complété mon attirail avec un support semblable à une cage métallique pour y loger des gâteaux de suif bien gras dont raffolent les oiseaux pendant l’hiver.



Un gros sac de graines de tournesol et un autre de graines variées allaient assurer le menu de mes nouveaux amis.



Je dois ajouter que l’environnement derrière chez moi est parfait pour accueillir les oiseaux. Ils peuvent se poser ou se cacher dans un arbuste conifère de bonne dimension placé à deux mètres des mangeoires.  Un camouflage parfait pour les aller et retour gastronomiques.


 
Photo Daniel Beauregard 2013



Très vite j’ai été rassasié et quelle satisfaction en les voyant apparaître, mésange, gaie bleu, cardinal, jonco, pic, sitelle, sizerin, tourterelle. Cette vive animation d’autoroute ailée m’a enchanté en me procurant beaucoup de plaisir à les observer et surtout les photographier.



Mai qu’elle fut ma déception en apercevant un gros écureuil gris bien installé dans la mangeoire et s’empiffrant à une vitesse incroyable de la nourriture de mes oiseaux. Je n’allais pas rester là à ne rien faire à regarder ce glouton s’empiffrer et ainsi priver mes amis ailés du plaisir de déguster les graines, ce repas préparé avec amour par un ornithologue en devenir.


Photo Daniel Beauregard 2013



Il ne s’agissait pas d’un écureuil mais d’une famille entière, parents et rejetons. Je ne me doutais pas qu’ils allaient m’enfermer dans une guerre interminable. En bon chrétien altruiste j’ai décidé de combattre avec des moyens simples et d’égal à égal.


Ma première priorité de stratégie militaire se dirige vers la mangeoire ancestrale sur le piquet, elle était trop facile d’accès. J’ai misé sur le déplaisir à se rendre au garde-manger. J’ai élaboré un obstacle semblable aux tapis cloutés utilisés par les policiers sur la route. J’ai adapté le principe à des petites baguettes cloutées et dispersées sur le piquet et en dessous de la mangeoire. Je n’aurais pas aimé avoir à parcourir ce chemin pour me rendre prendre mon repas. En effet, les premiers essais de mes envahisseurs furent suffisamment désagréables pour les faire reculer.


Photo Daniel Beauregard 2013 


Mais, désespoir! Quelle ne fut pas ma surprise de revoir un gros écureuil dans le garde-manger. J’entrepris donc une phase d’observation pour comprendre le stratagème de ses bêtes sans scrupule et sournoises.



J’ai alors compris qu’un écureuil gris possède une très grande force de propulsion de ses pattes arrière et de ce fait peut réussir un saut proportionnellement beaucoup plus grand qu’un sauteur olympique de 6 pieds quatre pouces.Le parcours se fait en deux étapes, primo le saut sur le toit  et secondo la descente dans la mangeoire tout cela sans avoir seulement effleurer mes baguettes de clous piquants.



Ma réaction fut très spontanée « à la guerre comme à la guerre». J’ai tendu de mon genévrier un fil de fer vers le cadre de bois de la fenêtre de la maison et y ai suspendu la mangeoire maintenant déboulonnée du piquet. Tout cela suspendu à au moins 2.5 mètres du sol.



J’ai vu à de nombreuses reprises mes bibittes plongeuses parcourir les branches du génévrier pour évaluer  la possibilité de plonger vers la mangeoire. Mais peine perdue, les branches trop flexibles ne donnaient pas un support assez résistant pour assurer l’élan. J’ai été sidéré d’apercevoir  ti-gris plonger du cadre de la fenêtre en se servant comme un excellent support. J’ai transporté mes baguettes de clous sur le cadre, j’ai ajouté de la graisse à cuisson. Malheureusement, tout cela sans succès. J’ai installé un obstacle (un grand styrofoam) entre la mangeoire et la fenêtre et ti-gris a sauté sur l’obstacle avant d’atterrir sur la mangeoire.



J’en ai retenu en conclusion trois mots «habilité, équilibre, détermination». 



Une autre caractéristique de sciuridé provient de sa flexibilité. En s’accrochant à une branche par ses griffes recourbées il peut sans effort particulier s’étirer pour attraper la mangeoire par ses pattes avant. À cause du peu de surface, il ne peut monter dessus, il réussit à  fouiller avec son nez pour capter des graines en position ¨Cirque du Soleil¨.

Photo Daniel Beauregard 2013



Photo Daniel Beauregard 2013 



Malgré mon envie de tout abandonner j’ai regroupé mes dernières énergies combattantes pour passer à une autre solution.

Quand vous faites du camping, vous avez des poteaux métalliques qui s’ajustent en hauteur et qui peuvent servir à supporter une mangeoire. Dans un cas, la mangeoire rustique déjà pourvue d’un trou sera déposée sur la pointe du poteau et solidifiée par une attache. Pour l’autre, j’ai fabriqué une allonge en bois pour ensuite la déposer sur la pointe du poteau.Une bonne petite couche de graisse à cuisiner sur le poteau allait compléter la ruse du guerrier citadin. Même avec un ajout d’huile à moteur, ce qui arrêterait certainement un humain, mes grimpeurs ont fini par trouver les conditions pour y arriver.



J’en suis donc à constater mon échec pour ce qui est de la mangeoire rustique mais à une victoire pour le triplex. Le gras de suif reste aussi inaccessible sur le fil de fer. Je sors avec ma grosse voix pour les chasser. J’avoue avoir aussi lancer quelques objets de défoulement. J’ouvre la fenêtre pour crier aussi baw…. Ma petite fille Alexie m’a vu le faire et elle est restée ébaillie du plongeon immédiat de l’écureuil provoqué par mon grognement animal. Elle a compris qu’elle pouvait les chasser juste en cognant dans la fenêtre, c’est devenu un jeu pour elle.



Devrais-je remettre mon projet à l’an prochain pour être réaliste?



Je me dois de revenir à mon objectif de départ qui se voulait d’aider les oiseaux à passer l’hiver et à les admirer en retour. J’avoue y prendre beaucoup de plaisir. J’ai croqué de très belles photographies. J’ai appris quelques notions d’ornithologie. 


Photo Daniel Beauregard 2013



Ils me procurent une grande satisfaction en les observant et en les écoutant. Nous sommes bien maladroits devant leur qualité de voltigeur.Ils sont comme nous, se coltaillent, se picossent, se tiennent aux aguets et  se servent avant tout en premier. Les voir virevolter devant ma fenêtre contribue à égayer mon hiver et je ne peux que constater leur courage par grand vent et grand froid.



Je connais mieux les écureuils et j’ai même de très bonnes images de leurs poses uniques. Je ne les aime pas vraiment plus mais je compose avec pour le moment. L’an prochain je tenterai d’utiliser mon expérience pour les freiner, enfin je l’espère.


Photo Daniel Beauregard 2013



Chose certaine mon rendez-vous avec les oiseaux restera à l’agenda.



Parfois je pense à eux et je me demande ce que font les oiseaux la nuit à - 25 degrés quand je dors bien emmitouflé dans mon lit.


Photo Daniel Beauregard 2013

  Daniel Beauregard


Photo Daniel Beauregard 2013




Photo Daniel Beauregard 2013


  





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